#MaVoix : Le jour où j'ai appris à me taire...

Je viens d'une fratrie de trois enfants. Je suis celle du milieu, la plus pénible, la plus ch..., celle qui a toujours peur de ne pas être aimée assez, entendue assez, reconnue assez. J'ai beaucoup compté dans ma vie, calculé, regardé ce que les autres avaient, "compétitionné"... J'ai longtemps pensé que pour mériter l'amour il fallait que je sois la plus belle, la plus intelligente, la meilleure quoi. La meilleure de quoi, je ne savais pas. Puis la vie est passée par là. Et chemin faisant, j'ai découvert que je n'avais pas, que je n'avais plus besoin de ça. Pour aboutir au final à un engagement citoyen qui me tient incroyablement à cœur et qui s'appelle #MaVoix.

Je dis souvent que soit la vie nous raidit, soit elle nous assouplit. Au fil du temps, j'aurai clairement pu être prétentieuse et cassante, voire méprisante. J'aurai pu. Ce serait très présomptueux de dire que j'ai choisi un autre chemin. Disons plutôt que mon âme a choisi un autre chemin. On pourrait aussi dire que les choses se sont faites petit à petit, mais je pense que ce n'est pas vrai. Je pense que finalement les choses se sont faites plus rapidement que je ne le crois. Si un phénomène d'érosion de mon orgueil était entamé depuis un certain temps, le retournement a eu lieu en moins de deux ans. Les évolutions de ma vie affective, familiale, amicale, professionnelle, révolutions qui m'ont appris à laisser de la place à l'autre, à découvrir son incroyable réalité qui n'était pas du tout celle que j'avais imaginé, n'y ont pas été pour rien. Je dois beaucoup à tous mes proches pour cela, car ils ont fait preuve à mon égard d'une patience et d'un soutien qui confinent au dévouement, je n'en reviens toujours pas.

Et puis un jour, cet automne, Marie, que je salue ici, m'a parlé de #MaVoix. Je pense que si n'importe qui d'autre m'en avait parlé, j'aurais écarté son discours d'un revers de main, d'un éclat de rire, d'un "tu ne sais pas". Mais Marie n'est pas n'importe qui, elle est mon amie, on a traversé ensemble beaucoup de moments de peine et de moments de foi. Alors je n'ai rien dit. J'ai quand même eu et je ne m'en cache pas, une sorte de réflexe que j'appelle aujourd'hui, le "Moi, l'élite...". Quoi, vous voulez faire élire députés des personnes volontaires tirées au sort ? Qui relaieront les décisions des citoyens tout au long de leur mandat ? Mais ça ne va pas ! Les lois ne peuvent pas être faites par "n'importe qui"... Mais comme c'était Marie, je suis allée voir. J'ai assisté à ma première réunion et pris par là-même mon premier cours d'intelligence collective. Une vraie grande claque aussi. Ensemble, on allait beaucoup plus loin que l'endroit où pouvaient me propulser les capacités de mon cerveau, beaucoup plus loin, beaucoup plus profond aussi. Enfin, rien à voir. Le processus était plus long, mais le résultat était franchement jubilatoire.

Entre temps, il y a eu les attentats de novembre. Les élections régionales. #NuitDebout aussi. J'étais consternée par la réponse politique qui a été apportée : l'état d'urgence avec des assignations à résidence d'écologistes (entre autres), c'était quoi ce truc-là ? Pour la première fois de ma vie, je n'ai pas voté à des élections. Avec un incroyable sentiment de culpabilité, mais je n'ai pas voté. Et j'ai poursuivi mon engagement dans #MaVoix. Pour moi, la réponse ne pouvait être que citoyenne. Et collective. Sans référence à une idéologie politique, ni à un parti. Elle ne pouvait que s'appeler démocratie. #MaVoix, c'est ça : ne pas proposer de solutions, mais institutionnaliser le débat. Pas un programme, mais une méthode, pour que chacun puisse faire entendre son choix. Ne pas arriver avec des idées toutes faites, des "je sais mieux que toi". Ne pas attendre non plus qu'un homme providentiel - un gentil papa - vienne nous sauver. Mais apprendre à écouter, à laisser évoluer sa propre pensée, pour co-construire à l'arrivée. A prendre ses propres responsabilités : Nous sommes celles et ceux que nous attendions, répétons-nous au fil du temps. Nous, vous, et moi aussi. J'ai appris à me taire, à questionner tous mes systèmes de croyance. J'ai surtout appris à me mettre au service. Des autres, d'un projet plus grand que moi, d'un projet pour demain dont je ne verrai peut-être jamais la réalisation, la concrétisation. Je ne me présenterai jamais au tirage au sort, je ne serai jamais députée. Mais si j'ai (un peu) pu contribuer à l'émergence d'une autre idée du vivre ensemble, de la gouvernance de la cité, j'aurai gagné. J'ai déjà gagné. J'ai tellement appris en quelques mois, rencontré tellement de personnes incroyables, formidables, généreuses... Alors, oui, #MaVoix est une utopie. Et pourtant j'y crois.

Aujourd'hui, samedi 16 avril - 47 mars ! - 2016, le premier candidat de #MaVoix va être tiré au sort pour les élections législatives partielles qui auront lieu les 20 et 27 mai à Strasbourg. Parmi 18 candidats volontaires et formés. Il est parfois des révolutions silencieuses qui transforment à jamais notre vision de la réalité : pour moi, aujourd'hui, il s'agit de l''un de ces moments-là. Je n'ai pas pu être à Strasbourg. Trop fatiguée de tous ces engagements, c'est dans ma campagne que je suis allée me ressourcer. Pourtant, en ce jour particulier, mon cœur est en fête comme jamais.

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