Le temps de vivre

J'ai tellement aimé cette chanson de Moustaki "Nous prendrons le temps de vivre, et d'être libre, mon amour...". Et pourtant, il me semble juste en sentir maintenant toute la profondeur. 
Parmi les multiples effets de mon pèlerinage à Saint-Jacques, il y a effectivement cette joie de prendre enfin le temps de vivre. Avec de la tendresse pour moi-même. 
Ceux qui me connaissent doivent se pincer, mais non, vous ne rêvez pas, je n'arrive plus à faire autrement. Qu'en prenant mon temps.

Dès que j'ai recommencé à travailler, je me suis rendue compte qu'il allait falloir faire quelque chose : impossible pour moi d'enchaîner les rendez-vous, de sentir cette  tension intérieure dès qu'un grain de sable s'insérait dans les rouages de mon organisation supersonique... Maintenant, je prends moins de rendez-vous, je m'impose moins d'obligations, et j'ai enfin du temps pour intégrer, digérer, tâtonner, me préparer. Me réjouir aussi. Avant et après. Non seulement, j'ai le sentiment d'aller bien davantage au fond des choses, mais ce qui me surprend le plus, c'est la présence que je ressens à ce que je fais, cette présence à être, à vivre tout simplement et surtout cette sensation de paix à l'intérieur de moi. En quasi toutes circonstances.

Ce qui me saute avant tout au yeux, c'est que je suis présente à moi-même. Enfin. Il était temps ! J'ai encore beaucoup de projets sur le feu, mais sans urgence aucune. Et je renonce aussi à beaucoup d'autres. Parce que je sais que je ne pourrais que les faire vite et mal. Je suis sortie de l'injonction de l'ego, de l'absolu besoin de reconnaissance. Je ne dirai pas que mon ego est mort, ni que je n'ai plus besoin de me sentir reconnue, je dis juste que cela ne prend plus le pas sur le reste. J'existe et je me sens tellement privilégiée que je pourrai me pincer toute la journée. Oui, oui, juste pour ce privilège de vivre. Et quand on y ajoute que j'ai des enfants formidables (et heureux, je crois), un toit, à manger et des gens magnifiques à aimer, un métier construit à ma mesure (ou à ma démesure !), je pourrai courir partout en hurlant ma joie.

Ah oui, la joie, ma joie, mon cœur en fête. Entre Frédéric Lenoir qui vient d'écrire un livre dessus, Guy Corneau qui en a fait le thème de ces dernières conférences... Comme ils ont raison, comme la joie devrait rester notre seul objectif, l'enjeu absolu, notre engagement pour nous-même. De temps en temps, je donne à l'EEPA un cours qui s'intitule "De la dépression à la joie". J'adore ce cours. Nous en sortons toujours avec le sourire aux lèvres, et le cœur bouleversé. Le temps que je me donne actuellement me permet de jardiner, de cultiver cette joie en moi. Avec une immense sérénité.

Je connaissais tout ça avec ma tête, j'avais lu tout ce qu'il était possible de lire sur un tel sujet. L'expérience est bien différente. Et surtout je peux une fois de plus constater qu'elle ne se décide pas. Plus j'avance dans ma vie, plus j'ai conscience que la volonté est peu de chose. Que s'il n'est pas possible de décider de changer, il est néanmoins possible de créer autour de soi les conditions favorables à ce changement. Et de faire alors preuve de patience, et de confiance, sans attente exagérée par rapport au résultat... Construire sa vie, petit à petit. Puisque oui, "Tout est possible, tout est permis", comme disait le chanteur...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Retraites : Marcher sur le Chemin de Saint-Jacques

Le Subagh Kriya : le kriya de la prospérité

Cultiver l'abondance : mes propositions