Humeurs pèlerines

J'aime être cette fille sur le bord du Chemin, un peu nomade, un peu vagabonde. Celle que les autres regardent (et saluent souvent) lorsqu'ils vont travailler, faire leurs courses ou s'occuper de leurs enfants.

J'aime être celle-là entre deux ports, deux étapes, deux vies sûrement aussi. Que les gens viennent interroger dans les gares ou les cafés, si facilement identifiable avec mon bâton et ma coquille sur le sac. Saint-Jacques ? Santiago ? Compostella ? J'aime être une parmi les autres, sans âge, sans histoire, sans métier. Juste une passante qui ne fait que passer, aller de l'avant, et en aucun cas ne reviendra sur ses pas. Et plus la route se fait, et plus le rire se fait léger. Kilomètre après kilomètre. Et nous recherchons l'ombre dans les fossés, faisons escale sur les trottoirs, pique-niquons sous les porches des églises. Voyageurs de la Terre et du ciel.

J'aime marcher seule, méditante et souriante, enfin sortie de toute attente. J'aime partager le repas de ces gens que je ne connais pas, et qui deviennent mes frères et sœurs par le simple fait d'être là. En une chaîne qui se tisse presque malgré moi. Ensemble. Pèlerins. Un mode de vie, une ligne de cœur, une tentative sans obligation de résultat. Une métaphore de l'existence, un engagement renouvelé chaque matin.

(Visuel : On boit bien à l'Abbatiale de Conques !)

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